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Les externalités / coûts cachés de l’alimentation

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Au-delà des évolutions économiques, les impacts actuels des systèmes alimentaires sur l’environnement et la société – depuis la production agricole jusqu’à la consommation finale des produits – questionnent de plus en plus leur durabilité. Ces impacts sont en grande partie liés à la production agricole et aux dynamiques d’intensification des pratiques et de concentration des exploitations, détaillées dans les parties précédentes. Ainsi, en termes de gaz à effet de serre, les sols agricoles et les productions animales sont responsables de 85% des émissions françaises de protoxyde d’azote et 2/3 des émissions de méthane du pays. En termes de pollution de l’air, l’agriculture française représenterait 97 % des émissions nationales d’ammoniac, gaz précurseur de particules secondaires, et serait ainsi responsable de 48% des particules aériennes (TSP) dans le pays, de 19% des particules PM10 (diamètre inférieur à 10 µm) et de 10% des particules PM2.5 (diamètre inférieur à 2,5 µm). En termes d’intrants, la France est également le deuxième pays le plus consommateur de pesticides après l’Espagne, et le pays d’Europe qui consomme le plus d’engrais minéraux azotés. Ces consommations ont des retombées importantes sur la pollution de l’eau : les suivis des Agences de l’Eau montrent un accroissement des pollutions agricoles dans la plupart des régions depuis leur création il y a 40 ans, alors que les pollutions industrielles, domestiques et urbaines sont, quant à elles, en nette régression. Elles sont potentiellement aussi à l’origine du déclin majeur de la population d’insectes en Europe depuis 30 ans. Ces impacts environnementaux ne se cantonnent pas au niveau agricole mais concernent aussi les maillons de transformation et de distribution, et se combinent avec des impacts sociaux en termes de destruction d’emploi, de précarité… (détaillés dans les parties précédentes). Même si la majeure partie de ces impacts concerne la production agricole, ils ne sont pas uniquement le fait des agriculteurs et apparaissent plus globalement liés à l’organisation de l’ensemble du système alimentaire qui freine voire empêche le changement de paradigme. De plus, ces différents impacts ne sont pas pris en compte dans la comptabilité des acteurs des filières alimentaires qui les génèrent, et sont donc absents des analyses. Les économistes les considèrent comme des « externalités », c’est-à-dire des situations où des tiers doivent ou devront payer des coûts liés à des décisions et des usages qui ne sont pas de leur fait.

Written by admin

juin 5th, 2018 at 4:19

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