Etre Catalan
Je reviens de Barcelone, très belle ville, très dynamique malgré la crise, et avec une identité forte. On y voit notamment des drapeaux indépendantistes un peu partout dans la ville, car ici, nous sommes en pays catalan. Depuis le Moyen Age, au temps des comptes de Barcelone, jamais la culture catalane n’a été aussi vivace. Quiconque vit et travaille dans l’une des quatre provinces qui composent la région est invité à en partager la culture et le mode de vie. La langue catalane est comprise par la quasi-totalité de la population, et adoptée par les immigrants venus d’autres régions d’Espagne, facteur essentiel de leur intégration à la société catalane. Selon les études commandées par la Ceneralitat, le gouvernement de l’autonomie catalane, 94 % des habitants de Catalogne déclarent comprendre le catalan. Chiffres flatteurs qui démontrent la vitalité de la langue et ses capacités d’intégration. Depuis l’instauration de l’autonomie en janvier 1980, les autorités catalanes ont consenti des efforts soutenus pour la promotion du catalan, considéré comme l’un des ferments de l’identité nationale. Conformément au statut de 1979, le catalan est langue officielle aux côtés du castillan. L’ensemble du cursus scolaire dans l’école élémentaire se déroule en catalan. À l’université, en revanche, les professeurs sont libres de dispenser leur enseignement dans la langue de leur choix, comme les étudiants peuvent rendre leurs travaux en castillan ou en catalan. En matière de catalanisation, le théâtre est le domaine le plus dynamique avec, à Barcelone, trois fois plus de créations en catalan qu’en castillan. La presse également participe àla catalanisation tel le quotidien La Vanguardia qui propose une édition en catalan à côté de la version castillane. On passe ici facilement et sans complexe d’une langue à l’autre, selon le type d’échanges. Il n’est pas rare de surprendre des conversations où l’un des interlocuteurs, immigré, parle en castillan, tandis que l’autre, catalan de souche, s’exprime dans sa langue. Et comme le relève plaisamment Juan Tapa, ancien directeur du quotidien La Vanguardia: «Sous Franco, on parlait espagnol en classe et catalan à la récré, aujourd’hui, c’est l’inverse. ›› Autant que dans la pratique de la langue, c’est peut-être dans une «manière d’être›› qu’il faut rechercher l’identité catalane: la manem de ser accordée généreusement à qui vit et travaille sur le territoire. Pour en savoir plus, je vous recommande la lecture des conclusions du dernier colloque organisé par l’agence séminaire à Barcelone sur le thème des langues régionales. Très intéressant.