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Taxer les robots pour financer la protection sociale

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Le candidat à la primaire PS Benoît Hamon propose de financer son revenu universel notamment par la taxation des robots. Mais l’idée, actuellement étudiée au Parlement européen, pose encore aujourd’hui plus de questions qu’elle n’en résout. Et si les robots finançaient la protection sociale? La proposition n’émane pas d’un scénario de film de science fiction mais du très sérieux Parlement européen. Sa commission juridique a adopté jeudi un rapport de l’eurodéputée Mady Delvaux évoquant la création d’une « taxe robot ». La mesure se veut une réponse à la révolution numérique. L’idée est de prélever des cotisations sur les robots qui tendent à remplacer les emplois peu qualifiés, afin d’assurer le financement de la protection sociale. Le rapport du Parlement propose ainsi d’obliger les entreprises à « notifier l’étendue et la part de la contribution de la robotique à leurs résultats financiers, à des fins de fiscalité et de calcul des cotisations sociales ». Avec l’idée sous-jacente de taxer les gains générés par ces machines. Candidat à la primaire à gauche, Benoît Hamon a repris cette idée à son compte afin de financer son « revenu universel ». « Il faut une fiscalité qui se fonde non pas sur le nombre de travailleurs qu’il y a dans notre entreprise, mais sur la richesse créée », théorisait l’ancien ministre de l’Education dès le mois d’octobre. A première vue, l’idée semble frappée au coin du bon sens. La révolution numérique transforme en profondeur l’économie mondiale. Selon l’OCDE, 9% des emplois présentent un risque élevé d’automatisation. Un constat partagé par le Conseil d’Orientation pour l’Emploi, qui évalue à 10% la part des emplois menacés par la robotisation. Le financement de la sécurité sociale étant assise sur les salaires, pourquoi ne pas taxer les machines qui remplacent les hommes en leur accordant un « salaire fictif »? Les économies salariales effectuées par les entreprises ne devraient-elles pas servir à financer la protection sociale? Si la mesure semble relever d’une certaine logique, elle est loin de faire l’unanimité. Et pour cause: sa raison d’être prête à discussion. Dans l’esprit de ses concepteurs, la « taxe robot » est un antidote à une économie engagée dans une course effrénée à supprimer des emplois humains. Mais ces bouleversements technologiques sont également créateurs d’emplois. Dans son étude, l’OCDE évoque des « estimations » indiquant que « chaque emploi créé par le secteur de la haute technologie entraîne la création d’environ cinq emplois complémentaires. » Cette révolution pourrait-elle être en réalité être bénéfique sur le front de l’emploi? Impossible de répondre à cette question, tant les études contradictoires se succèdent. Mais l’histoire peut fournir un élément de réflexion. « La robotisation n’est qu’un un prolongement de la mécanisation observée depuis la Révolution industrielle, indique à L’Express Xavier Timbeau, directeur du département Analyse et Prévision de l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE). L’histoire de l’humanité a montré que la mécanisation démultiplie les possibilités d’emplois et non l’inverse. Une société rurale crée moins de travail qu’une société urbaine. » Une analyse partagée par l’économiste Michel Volle, qui fustige une idée « rétrograde et bêtement conservatrice ». « La France est aujourd’hui beaucoup moins automatisée que l’Allemagne, avec des robots plus vieux. L’Allemagne a pourtant moins de chômeurs que nous », glisse à L’Express ce spécialiste des systèmes d’information, co-président de l’institut de « l’iconomie ». Un avis partagé notamment au PS par Arnaud Montebourg.

Written by admin

mars 13th, 2017 at 12:59

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