Waprint

chroniques de chroniques

Balkany et sa médiathèque

without comments

Ce mardi, à 19 heures, l’une des trois médiathèques de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), située 57 rue Gabriel-Péri, sera définitivement fermée. Raison invoquée par la municipalité, dans les colonnes du Parisien : le coût d’aménagement et de mise aux normes, trop élevé. L’heure est aux économies. Hasard malheureux : l’annonce de la fermeture coïncide avec la publication mi-juin d’un rapport de la chambre régionale des comptes qui épingle la gestion du Levallois Sporting Club, un grand club omnisports essentiellement financé par la ville. Les magistrats s’interrogent notamment sur le très généreux salaire accordé au judoka Teddy Riner pour la promotion du club : en 2013, celui-ci a touché la bagatelle de 429 293 euros brut. « Au doigt mouillé, je pense que le coût de fonctionnement de la bibliothèque est équivalent au salaire de Teddy Riner », jauge Arnaud de Courson, conseiller municipal d’opposition (DVD) et conseiller départemental. L’annonce de la fermeture de la médiathèque Gabriel-Péri s’est faite dans la plus extrême discrétion : cinq mots sur le papier glacé de la gazette municipale, Info Levallois, au milieu d’une double page consacrée aux dates de fermeture et aux horaires d’été de plusieurs services municipaux. Une petite explication a bien été publiée le 10 juin sur la page Facebook des médiathèques de Levallois. Mais sur la façade vitrée du bâtiment, fermé le lundi, pas une pancarte ne donne l’information. Si bien que des usagers de passage font les yeux ronds quand on leur apprend la nouvelle. « Donc elle va fermer ? » Alain, qui utilise régulièrement le point internet, pose une seconde fois la question. Danièle lui montre avec le pouce et l’index la place consacrée à l’annonce dans le bulletin municipal. Pour en connaître les raisons, la Levalloisienne est elle-même allée à la pêche aux infos, auprès des bibliothécaires : Alain, qui a toujours connu cette bibliothèque, la plus ancienne de Levallois, se désole de la disparition d’un point culturel au centre-ville. « A chaque fois que je viens, il y a toujours du monde. » Pendant la discussion débarque sur le trottoir une dame blonde « du Front de Gauche », dont les yeux sont soulignés d’un trait d’eye-liner façon pin-up. « C’est une honte, un scandale ! » s’égosille-t-elle sur le trottoir avant de glisser dans la fente du dépose livres une enveloppe blanche contenant quinze signatures contre la fermeture. La Levalloisienne les a recueillies dans son immeuble. Ce mardi, 1 930 internautes ont soutenu la pétition en ligne (essentiellement des militants communistes, croit savoir l’adjoint à la Culture) ; 1 800 habitants ont signé celle en papier, qui a circulé dans les rues de Levallois. Après la fermeture, les titulaires qui y travaillaient seront transférés dans les deux autres établissements mais trois contractuels ne seront pas renouvelés. Deux samedis de suite, le 20 et le 27 juin, des employés des médiathèques ont fait grève en signe de protestation contre la décision de fermeture. « Péri n’est pas périmé », pouvait-on lire sur la façade, d’après Le Parisien. Des habitants et quelques élus se sont joints aux grévistes. « Deux jours de grève à la bibliothèque, c’est inédit : jamais ce n’était arrivé à Levallois », souligne Frédéric Léger, un habitant à l’origine de la pétition, bibliothécaire de métier. La petite mobilisation n’a pourtant pas fait ciller la mairie. Sur deux étages, la médiathèque Gabriel-Péri, rénovée en 1991, propose un espace de lecture, de travail, une collection de CD, d’ouvrages audio ou encore des livres en gros caractères. Elle est située au centre de Levallois, à quelques pas seulement de l’hôtel de ville. Aux alentours, plusieurs immeubles de logements sociaux, une école, un petit parc et, juste derrière, des cours de tennis. Beaucoup de personnes âgées résident dans le quartier et fréquentent la médiathèque. « Les gens viennent lire les quotidiens, les magazines à 5 euros qu’ils n’achètent pas », détaille Anne-Eugénie Faure, conseillère municipale socialiste. « C’est une bibliothèque de proximité où il y a une vie sociale. » « Un des rares endroits où il y a un lien intergénérationnel, qui est intéressant », abonde Arnaud de Courson, élu DVD. « Elle dessert à la fois un public de personnes âgées et plus populaire », complète Frédéric Léger.

Written by admin

octobre 19th, 2015 at 4:48

Posted in actualité

Tagged with ,